Papy, mamie et… Alzheimer

Faire le portrait de… Communément, c’est une image unique, une représentation de la personne. Mais lorsque l’identité de l’autre nous échappe en même temps qu’elle est photographiée, lorsque l’être disparaît lentement et littéralement, devient glissant et insaisissable face à nous, que faire ?

Mon grand-père a la maladie d’Alzheïmer depuis dix-sept ans ans. Il est dans un centre spécialisé depuis cinq ans. Cette affection a pour conséquence la perte lente mais inéluctable d’un être cher, le compagnon d’une vie. Les liens tissés par les souvenirs entre ma grand-mère et mon grand-père disparaissent jour après jour. Bien que vivant, il n’est plus vraiment là. Leur histoire, son histoire ne prend plus corps qu’au travers de ma grand-mère et de leur maison.

L’idée de son portrait passait nécessairement par un ensemble d’images. Sans cesse préciser mon propos, recadrer, affiner, le connaître, l’approcher. D’un travail centré sur lui, j’ai élargi à ma grand-mère. Le raconter, c’est la raconter. Elle est à présent dépositaire de son histoire. Puis, j’ai photographié la maison qu’il a construite, les objets qu’il a fabriqué et utilisé. Ceci est son héritage.

Ceci est mon portrait de mon grand-père avec mes souvenirs et la voix de ma grand-mère.

Mon grand-père décède. 5 ans après, ma grand-mère est atteinte d’une démence fronto-temporale. Je reprends l’appareil et la suis à son tour en EPHAD.

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